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Approche systémique en Art contemporain
Cypris
Introduction
Mon travail depuis quelques années est centré sur l'étude de la catalyse. Ce point commun à mes différentes recherches artistiques marque une volonté d'explorer les possibilités qu'offre tout artefact de générer de nouveaux schèmes de pensée. L'artefact est ici, modélisation de processus, à la fois support et générateur de ma pensée. Dans un schéma classique de communication on déplace donc l'émetteur, du sculpteur, vers la sculpture en tant que génératrice de discours. Il n'est donc plus vraiment question du ''qu'est-ce que cela veux dire'', mais ''comment cela interagi avec mon être''.
En effet, mes recherches sont axées sur l'intuition, qui peut surgir face à une oeuvre d'art, en tant que point d'origine de la réflexion. La réflexion vient après, bien après. L'intuition naît souvent par le plus grand des hasards, elle est générée par des catalyseurs qui, telle la pomme de Newton, surgissent comme des accidents dans notre quotidien, bouleversent celui-ci et provoquent des changements minimes, ou au contraire importants, dans notre inconscient et/ou notre conscience. L'oeuvre d'art, plutôt que d'être un message, pourrait n'être aussi qu'un "accident", "catalyse" qui générerait de nouvelles intuitions...
Concrètement, ces réflexions apparaissent dans mes travaux par la volonté manifeste de laisser au maximum la matière s'exprimer, physiquement, biologiquement. Mon geste est souvent minimal, souhaitant mettre en relation différents éléments et guider leur rencontre. Provoquer, tel un catalyseur, des rapports de forces, puis laisser une belle part au hasard, voilà mon travail sur la matière. Pour comprendre les processus entrant dans les morphogénèses naturelles, il faut pouvoir suspendre l'acte de la main et laisser la matière s'exprimer; trouver le chemin pour inhiber le despotisme traditionnel de l'esprit humain sur la matière, lui rendre sa liberté dans le dialogue. Ainsi, mon travail est celui d'une sculpture générative, provocation d'émergences de formes à travers le maniement des matériaux utilisés et leurs résistances propres, sans être pour autant purement aléatoire. Le processus de création s'apparente à une partie d'échec entre le sculpteur et la matière, proposition du sculpteur, réponse de la matière.
De la même façon que l'oeuvre d'art est souvent différente du projet initial, l'intuition est souvent différente des sphères conceptuelles par nature figées. La seconde facette de la catalyse, outre mon geste, est liée au regard qu'ensuite les spectateurs, moi y compris, posent sur l'oeuvre d'art. Celle-ci devient à son tour catalyseur à travers les divagations de nos intuitions... Les rapports de forces de la matière deviennent des tensions dans notre esprit, des points de convergence... Un peu comme notre regard se laisse porter par les formations nuageuses dans le ciel...
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